Les virus de chauves-souris et leur transmission à l’Humain

18 septembre 2024
Eric Leroy

Titulaire d’un doctorat de médecine vétérinaire (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort) et d’un doctorat d’immunologie ainsi que d’une habilitation à diriger la recherche (HDR) en virologie de Sorbonne Université, Eric Leroy est virologue, spécialisé dans les zoonoses virales. Il est actuellement directeur de recherche au sein de l’Unité TransVIHMI qui conduit des recherches intégratives et transdisciplinaires à l’interface animal-humain-environnement pour comprendre les mécanismes d’émergence et de diffusion des agents pathogènes dans les écosystèmes (Université de Montpellier-IRD-Inserm). Il a travaillé pendant plus de 20 ans au Gabon et dans plusieurs autres pays d’Afrique centrale. Il a dirigé au Gabon le centre international de recherches médicales de Franceville (2012 et 2018) et un centre régional de référence OMS sur les fièvres hémorragiques virales et les arboviroses (2001 et 2018).

Ses travaux ont d’abord porté sur le virus Ebola, mais se sont ensuite étendus aux autres fièvres hémorragiques virales qui sévissent sur le continent africain, et plus généralement à toutes les maladies virales présentant un risque pour la santé publique des populations d’Afrique centrale. En s’appuyant sur une approche pluridisciplinaire de type « One Health » depuis plus de 30 ans, son programme de recherche s’intéresse à toute la chaine des événements qui aboutissent in fine à l’émergence d’un virus chez l’Homme, depuis sa source naturelle jusqu’à sa dissémination au sein des populations.

Il a été récompensé en 2009 par le prix Christophe Mérieux et par le Grand prix d’Honneur de la recherche scientifique au Gabon. Il est membre de l’académie nationale de médecine et de l’académie vétérinaire de France.

Résumé

Bien qu’elles jouent un rôle primordial dans le fonctionnement de la biosphère, les chauves-souris sont fréquemment impliquées dans des épidémies meurtrières à travers le monde. Une centaine de virus, la plupart zoonotiques, ont été détectés chez ces animaux, un nombre bien plus élevé que chez toutes les autres espèces animales. Cette propension à héberger une si grande diversité de virus proviendrait d’un arsenal « bioécologique » unique. Par ailleurs, 75% de ces virus appartiennent aux quatre familles virales contenant les virus les plus dangereux connus à ce jour, parmi lesquels le virus de la rage (Rhabdoviridae), les coronavirus SARS-CoV-1, MERS-CoV et SARS-CoV-2 (Coronaviridae), les virus Hendra et Nipah (Paramyxoviridae), et les virus Ebola et Marburg (Filoviridae). La contamination de l’Humain met en jeu des espèces animales intermédiaires et serait favorisée par la fragmentation de l’habitat des chauves-souris engendrée par des activités humaines croissantes et incontrôlées. La prévention des épidémies doit alors s’appuyer sur une approche d’écologie de la santé qui propose une action globale, concertée et multidisciplinaire intégrant santé humaine, animale et des écosystèmes.

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