Gaëlle LEGUBE: Docteur Jekyll et Mister Hyde: les deux facettes des cassures de l’ADN dans la lutte contre le cancer

20 octobre 2021
Gaëlle LEGUBE

Gaëlle Legube, directrice de recherche au CNRS, anime un groupe de recherche au Centre de Biologie Intégrative à Toulouse, dont l’objectif est de comprendre comment les cellules réparent leur ADN. Titulaire d’un doctorat de Biologie Moléculaire de l’Université de Toulouse, elle intègre le CNRS en 2006, après quelques années passées au laboratoire européen de biologie moléculaire (EMBL) en Allemagne. Récompensée par le prix Coup d’Elan de la Fondation Bettencourt-Schueller, et le Prix de la fondation Simone et Cino Del Duca en cancérologie décerné par l’Académie des sciences en 2019, elle reçoit la Médaille d’argent du CNRS en 2020 pour ses travaux sur la réparation de l’ADN.

Résumé

La molécule d’ADN qui compose chaque chromosome est extraordinairement longue et peut être parfois endommagée. Les cassures dites « double brins » de l’ADN sont les plus dangereuses car elles brisent littéralement en deux un chromosome. Bien heureusement, il existe dans nos cellules tout une machinerie moléculaire qui est capable de réparer ces lésions, ainsi qu’une machinerie de « contrôle » qui envoie à la mort, les cellules dont l’ADN est trop endommagé ou tout du moins les empêche de proliférer. Le cancer survient quand ces mécanismes de réparation ou de contrôle ne sont pas suffisamment efficaces, conduisant une cellule aberrante à se multiplier.

Aujourd’hui un pan conséquent de la recherche contre le cancer s’attache ainsi à comprendre comment ces cassures sont réparées, et comment les défauts de réparation conduisent à l’apparition des tumeurs. Mais de façon paradoxale, provoquer ces cassures double brins reste aujourd’hui la façon la plus efficace de traiter les cancers (c’est ce que font la radiothérapie, et beaucoup de chimiothérapies)

Je discuterai des avancées récentes sur ces deux aspects des cassures double brins : leur côté Mr Hyde lié à leur impact sur l’intégrité de notre ADN et a l’apparition des tumeurs, et leur coté «Dr Jekyll» lié à leur formidable potentiel pour tuer les cellules cancéreuses.

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