Jean-Pierre CHANGEUX: « Le cerveau: machine chimique et le mode d’action des drogues »

2 septembre 2020
Jean-Pierre CHANGEUX

Jean-Pierre Changeux est neurobiologiste, membre de l’Académie des sciences et Professeur émérite au Collège de France où il a été titulaire de la chaire Communications cellulaires de 1976 à 2006. Il a dirigé le laboratoire de neurobiologie moléculaire à l’Institut Pasteur et reçu la médaille d’or du CNRS en 1992. Il figure parmi les personnalités importantes de la science française, francophone et mondiale et a reçu de nombreuses récompenses et distinctions scientifiques, parmi lesquelles le prix Wolf de médecine (1983), le Grand prix de la Fondation pour la recherche médicale (1997), la médaille Linus Pauling (1999), le prix Balzan (2001) et le prix Albert Einstein (2018). Il est membre de diverses académies des sciences et des lettres, dont l’Academia Europaea, l’Accademia dei Lincei, l’Academia Leopoldina et docteur honoris causa d’une vingtaine d’universités dans le monde.

Jean-Pierre Changeux s’est constamment préoccupé des conséquences éthiques pour la médecine et la société en général des récents progrès en neurosciences. En témoigne son célèbre ouvrage L’homme neuronal (1983) et le livre co-écrit avec Paul Ricœur, La Nature et la Règle : ce qui nous fait penser (1998), qui confronte le neuroscientifique au philosophe sur l’éthique, la nature humaine et le cerveau.

Mais, au-delà de sa brillante carrière scientifique, ce sont les rapports entre art et science qu’il a profondément explorés. Il a publié plusieurs ouvrages sur la manière dont nous percevons les œuvres picturales et musicales ou encore sur notre façon de penser et de parler, des sujets qu’il enrichit de ses vastes connaissances de l’art, de la musique, de l’histoire et de la philosophie.

Résumé

Le cerveau « sur son homme perché » est l’objet le plus complexe qui existe dans le monde physique. Il se compose de plus de 100 milliards de cellules nerveuses ou neurones qui ont la propriété unique d’étendre de multiples prolongements -axones et dendrites- qui s’interconnectent entre eux, chacun avec en moyenne 10 000 partenaires. Le cerveau est un gigantesque réseau d’environ un milliard de millions de contacts ou synapses où les neurones se juxtaposent sans se fusionner. Des signaux électriques circulent dans ce réseau mais, le plus souvent, ne passent pas d’un bord de la synapse à l’autre. Des substances chimiques, prennent le relais du signal électrique, on les appelle les neurotransmetteurs. Il y en a plusieurs dizaines et ils se distribuent dans l’espace et le temps sous forme d’une symphonie chimique incessante qui gouverne nos idées, nos raisonnements, nos émotions et même notre conscience. Les neurotransmetteurs sont reconnus par des protéines nommées récepteurs, comme une clé entre dans une serrure. Lorsque le neurotransmetteur se lie au récepteur, celui-ci change de forme entrainant une réponse chimique ou électrique du neurone. Un nouvel influx de forme qui se propage à d’autres neurones, créant de proche en proche, une perception, une réflexion, un mouvement.
Ces récepteurs sont également la cible de diverses substances chimiques, des médicaments – comme les benzodiazépines actives comme tranquillisants – ou des drogues dures qui entrainent la dépendance comme les opiacés. Il peut y avoir passage de la drogue au médicament et vice versa. Ces multiples actions des drogues seront discutées dans le cadre du «cerveau machine chimique».

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